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Avec la série Théâtres, dont le titre fait écho aux Teatrini de Lucio Fontana, Vincent Ballard déploies ses dernières recherches autour du photogramme. Dans le sillage des artistes minimalistes américains, il a recours à des formes géométriques simples et des couleurs primaires, mais c’est dans un mouvement très contemporain qu’il sort la photographie de son cadre pour la confronter à l’espace tridimensionnel. Concrètement, ce travail est réalisé sur un papier argentique couleur, à l’aide de morceaux de Plexiglas colorés, d’abord utilisés comme masques sous l’agrandisseur, puis associés au tirage pour former une oeuvre en volume. Ce dispositif crée un effet subtil de profondeur qui retient l’oeil et le piège, le jeu des couleurs inversées finissant de le désorienter. S’ensuit un trouble qui nous fait presque douter : s’agit-il bien de photographie ? C’est dans ce vacillement de nos perceptions que résident la force et le charme des oeuvres de Vincent Ballard ; en déjouant nos habitudes visuelles, elles créent un espace intermédiaire entre réalité photographique et réalité intérieure qui ouvre les portes de l’imaginaire. 


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Marion Jacquier, texte publié à l’occasion de l’exposition “Théâtres” à la Galerie Lumière des roses



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