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[…] L’abstraction de la série Crash ! ne rompt pas un jeu de référence. Les motifs que ces formes invoquent sont ceux de l’érotisme, de l’automobile et de la blessure. Nous pouvons partager ces formes en trois ensembles plastiques qui sont traversés chacun par les trois motifs évoqués : des trous dans le papier, dans la surface même de l’image, évoquent autant des vagins que des plaies, des yeux ou des phares ; des formes peintes suivant une technique de pochoirs évoquent des giclées de sperme, de sang ou d’huile de moteur ; enfin de longs traits bleus marqués au laser dans le papier photosensible évoquent des cicatrices, des griffures ou des trajectoires d’accidents. 

L’entremêlement de ces motifs comme le titre de la série proviennent d’une lecture que Vincent Ballard a faite de Crash !, roman anglais sorti en 1973 mettant en scène la quête tragique d’une homme dont le plaisir morbide réside dans la collusion entre le coït, l’accident de voiture et la vision fascinée du corps d’Elizabeth Taylor. 

Ainsi les compositions de Vincent Ballard trouent la surface du papier et viennent ménager dans l’image plusieurs plans : derrières les trous qui ajourent le papier photo surgissent des miroirs ou des images en gros plans de corps humains, devant ce même papier photo la vitre du cadre est-elle même gravée et les motifs qui apparaissent s’entremêlent avec les motifs insolés sur le papier. […] La composition, le travail de construction de l’image se fait par l’altération (percée, redoublement) du lieu d’apparition de l’image elle-même. […]

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Clément Bouissou, texte publié à l’occasion de l’exposition Dedans la danse, dedans le dehors



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